Seeing
2018. On going
Le réel ne se limite plus au visible et une fois que l’on émet le postulat de l’existence de quelque chose qui n’est pas forcément tangible ou perceptible, nous inventons des systèmes et des outils pour révéler cette intuition.
Le plasma est un état de la matière dont la dynamique rejoint presque celle du chaos. L’une des rares manifestations visible sur Terre se trouve dans la ionosphère ; la dernière couche de l’atmosphère, après laquelle se dévoile l’immensité. Dans cette épaisseur d’air raréfié et poreuse, l’interaction entre les vents solaires et les champs magnétiques génèrent des formes lumineuses. Des zones dans ce que nous considérions jusqu’alors comme vide s’embrasent, créent des espaces colorés flottants aux contours flous et fuyants pour finalement disparaître.
L’une des étapes fondamentales du travail du radioastronome est de transcrire les signaux électromagnétiques invisibles à l’oeil en image. La « mise en espace » des signaux doit faire face à toute une série de déformations et d’altération de l’information comme les turbulences atmosphériques, les mirages gravitationnels, le décalage vers le rouge ou la basse résolution angulaire. Et pour résoudre ces problèmes, la transformation des données en images et le gain en résolution est confiée à des logiciels et algorithmes puissants. Seulement, certaines zones restent floues, noires et impénétrables. Les scientifiques comblent alors ces manques dans une image qui n’existait pas jusqu’alors, pas leur propre interprétation.
Les éléments que je présente (récoltés durant ma résidence à l'Observatoire de Radioastronomie de Nançay et en collaboration avec le Centre Pompidou) sont alors composées d’archives et sources documentaires, ainsi qu’une série d’images altérées, modifiées dont le médium est détourné, retranscrit, effacé afin d’interroger son statut : comment regarder sans croire ?