AGATHE
ROSA

“Il est si difficile de décrire la lumière! Le mot est toujours trop fort, on ne sait jamais vraiment comment le prendre. L’un dit lumière et l’autre pense subitement à une chose hors d’échelle, hors du temps, partout dans l’espace, non circonscrite, sans solidité. Alors que j’aimerais traiter la lumière comme des objets vu qu’ils le seront».
Del Giudice, Quand l’ombre se détache du sol


Il faut, après des heures d’épuisement à chercher quelque chose qui n’existe pas, s’allonger sous le ciel et s’abandonner à la rotation de la terre. Alors le poids de l’air, les turbulences atmosphériques et la perte de cohérence de la lumière résonneront au delà des siècles. Dans ces instants, nous croyons tenir quelque chose au point que la vie en sera changée à jamais. Mais dans cette nature, rien n’est définitivement saisissable. Le monde nous passe au travers et pour un temps nous prête ses couleurs. Alors nous fermons les paupières pour en conserver au moins l’image, et comme l’eau, inexorablement, elle se retire et nous repositionne dans ce vide. De celui que chacun porte en soi et avec lequel on doit apprendre à côtoyer, à combattre. Mais qui paradoxalement reste notre moteur le plus certain.
Ce qu’il y a de beau dans la poursuite réside dans la position du corps. Fléchi en avant, les muscles tendus et les yeux vifs, avec ardeur nous parcourons des distances inhumaines et traversons des paysages imaginaires sans jamais perdre souffle. Rejoindre ce qui fuit est la seule raison de notre mise en mouvement.
Agathe Rosa